No Fury by Lena Bell

Auteur:Lena Bell [Bell, Lena]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782017008057
Éditeur: Hachette Black Moon
Publié: 2017-01-19T23:00:00+00:00

Chapitre 51 - Aujourd’hui

Une heure plus tard, le garde entre à nouveau dans ma cellule pour me reprendre la petite princesse endormie. Il est mal à l’aise, je le lis dans ses yeux.

— Comment oses-tu exécuter ses ordres ?

Je l’interpelle d’une voix qui n’a plus l’habitude de parler. Il resserre la couverture autour de ma fille, en silence.

— Ramène-la-moi dès qu’elle a faim.

— Oui, madame.

— Ne la laisse jamais seule, tu entends ?

Il danse d’un pied sur l’autre, gêné et me répond enfin :

— Ça ne me plaît pas du tout ce qu’on vous fait.

Ce grand gaillard est une force de la nature, mais avec des traits fins, presque féminins. Un jeune, plus jeune que moi, qui a l’air d’avoir bon cœur.

— Quel âge as-tu ?

— Dix-sept ans, madame.

— Comment tu t’appelles ?

— Je n’ai pas le droit de…

— Qui le saura ? Moi, c’est Cathryn.

— Patton, madame.

J’aimerais lui reprendre ma fille, et le consoler lui, il semble terrifié. Ce travail n’est pas fait pour lui, il est trop tendre.

— En obéissant à ses ordres, tu es du mauvais côté, Patton. Tu le sais ?

Il garde les yeux rivés sur le sol.

— Elle est déchaînée ?

Il berce tendrement ma petite princesse.

— Oui, murmure-t-il en jetant un regard rapide vers la porte. Complètement déchaînée. La reine nous demande des tas de choses qu’on n’a pas. Des oranges, des épices, des sucreries. Elle exige qu’on prenne dans les réserves des villageois, même si les cuisines du château sont déjà remplies. Elle châtie, punit sans raison… Je ne comprends pas. On est pourtant en guerre… Tout le monde a peur et la craint.

— Mais ma fille est innocente. Elle est si petite, regarde-la.

Il plisse le front et soupire, puis s’en va en me laissant seule.

Maria est la dernière née d’une famille royale, elle n’a jamais vu de bébé. Inutile de questionner le garde pour deviner l’hystérie et l’inconséquence de Maria.

Je dois me montrer meilleure qu’elle. Et plus habile. Mais maintenant que j’ai tenu ma fille dans mes bras, le calme et le vide me paraissent insupportables.

Je tourne comme un lion en cage. Je m’assois et me berce. Je n’ai rien pour m’occuper l’esprit. Je m’inquiète pour ma fille. Où est-elle ? Comment Maria la traite-t-elle ? Je me consume d’angoisse.

Patton revient quelques heures plus tard avec Anne qui hurle de faim. Elle est vêtue d’une robe écarlate, réplique de celle que portait Maria le jour où elle nous a vus au lit, Cormac et moi.

C’est un message. Je fulmine de rage.

Patton nous laisse. Je m’empresse de déshabiller Anne et de serrer son petit corps chaud contre le mien.

— C’est moi, ta maman. Tu es à moi, je suis à toi et ton papa nous appartient. Ne l’oublie jamais.

Pendant que je l’allaite, Anne gazouille. Je lui chante une berceuse tout en réduisant la vilaine robe en lambeaux. Je raconte à ma fille la vie que nous aurons ensemble : une maman qui l’aime, un papa qui l’adore déjà, des grands-parents, une tante qui la chouchouteront.

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